Les temps changent

Hélène Labarrière, contrebassiste aux multiples projets, sort les temps changent en octobre 2007, le même mois que la sortie de Comicopera.

C'est le premier album sous son nom, qui vient après de nombreuses collaborations marquées sous le signe de la liberté et de l'audace. Je l'avais vue sur scène à Charleville-Mézières et à Créteil, à l'avant-poste du Dondestan project - Variations sur la musique de Robert Wyatt. Avec Sylvain Kassap, elle y faisait vibrer cette atmosphère jazz et boisée que RW revendique dans tous ses interviews. Robert Wyatt connaît bien Hélène Labarrière: il l'a même invitée en 2001 au Meltdown Festival dont il était le programmateur.

Cet album, Robert Wyatt l'a écouté et l'a aimé. Sur une de ces cartes postales qu'il adresse souvent à ses correspondants de par le monde, il nous dit tout le bien qu'il pense de la musicienne et de la compositrice. Et celle-ci n'a pu résister à l'envie de nous faire partager son plaisir en la reproduisant sur la pochette du CD.


Hélène Labarrière sounds to me complete: completely in control, physically, of her bass violin and cerebrally, in her understanding of how to use her great athletic skills. And above (this is music after all) Hélène has a great SOUND. Her writing is erudite and adventurous, but above all as ORGANIC as her playing. 'Nature' seems to flow through her as naturally as fruit arriving on the branches of trees when the sun and the rain have done their work. I have heard her in diverse contexts, but not, I think, before this beautiful CD, as director and principal catalyst. And she's chosen her comrades here so carefully: these musicians know how to play together, as part of a living and coherent organism. Anyway (words are inevitable clumsy) as the cliché has it, this music speaks for itself. Pay attention this fruit is ripe: now feed your ears!

«Salam and Takadum»

Robert Wyatt

Photo : Hélène Collon

Hélène Labarrière est pour moi une musicienne d’une totale intégrité : maîtrisant physiquement totalement sa contrebasse, elle démontre également une grande force d’abstraction — faisant preuve d’une vraie intelligence dans l’utilisation de ses merveilleuses aptitudes athlétiques. Et surtout (puisqu’il s’agit de musique après tout !) Hélène possède une véritable identité sonore. Sa façon de composer est à la fois érudite, aventureuse et plus que tout, aussi parfaitement organique que son jeu de contrebasse. C’est la Nature même qui semble s’exprimer à travers elle aussi naturellement que les fruits viennent s’épanouir aux branches des arbres après que le soleil et la pluie ont fait leur travail. J’ai eu l’occasion de l’entendre jouer dans de nombreux contextes différents, mais jamais je pense, avant ce magnifique CD, dans le rôle de directeur et catalyseur musical. Le soin avec lequel elle a choisi ici ses camarades démontre son souci du détail : ces musiciens savent jouer ensemble, à la façon d’une entité vivante et cohérente. De toute façon (les mots sont inévitablement maladroits) comme le dit le sens commun : cette musique parle d’elle-même. Portez toute l’attention qu’il mérite à ce fruit arrivé à maturité. Et nourrissez-en vos oreilles !

«Salam and Takadum»

Robert Wyatt