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Les Soft Machine au Petit-Quevilly - Paris Normandie - 2, 4 et 7 mars 1970
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Jeudi 5 mars 1970
Le Petit-Quevilly, Centre culturel Maxime Gorki,
Concert rock, 20h30 |
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Paris-Normandie, lundi 2 mars 1970
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Les Soft Machine jeudi soir au Centre Maxime-Gorki.
On en parle déjà beaucoup : les Soft machine seront au Centre Maxime-Gorki, jeudi prochain à 20 h. 30.
Les Soft-Machine ont conquis leur popularité avec une évidente qualité. Basée sur un noyau central, composé d’une batterie, d’un orgue, et d’une guitare qui a fait le succès du groupe cet ensemble peut s’adjoindre une section cuivre avec saxo-trombone et flugelhorn. Cela lui donne des couleurs nouvelles.
Mais la renommée des Soft Machine est désormais bien établie.
Ce groupe entend prouver que la “ pop music ” peut être quelque chose de valable, qu’on peut faire des recherches, y insérer le jazz et que la musique populaire, pour parler français, peut être de nos jours aussi riche et aussi agréable qu’elle le fut au temps de la valse et de la polka viennoises, pour ne citer que cet exemple.
Mais, il est certain que depuis ce temps, la technique a bien changé...
Pour ce concert exceptionnel, le retrait des places commence le mardi 3 mars, chaque jour de 16 à 19 heures, au centre Maxime-Gorki, rue Joseph-Lebas, près de l’avenue de Caen, à Petit-Quevilly, tél. 72 55-67.
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Paris-Normandie, mercredi 4 mars 1970
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Jeudi soir à 20 h 30
Les Soft Machine
Les Soft Machine, qui ont participé, mardi, à l’émission “ Campus ” donnent demain soir (jeudi), Petit-Quevilly : les Soft Machine Gorki, un unique concert dans la région. [sic]
Basé sur un trio orgue, batterie, guitare, le groupe britannique s’est récemment adjoint une section cuivres qui colorent notablement leurs interprétations. On les découvrira demain soir dans cette nouvelle formation.
Mais les retardataires n’auront pas à faire le déplacement de nelles ” [sic] que Jean-Pierre Gros, ani- joueront [sic] joueront à bureaux fermés : il n’y a déjà plus une place de libre...
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Paris-Normandie, samedi 7 mars 1970
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COMPTE RENDU
Les Soft Machine
Une stupéfiante révélation
Sans doute n’est-ce pas de la “ pop music ” dans le sens où on l’entend communément, mais une chose est certaine : ce que fait la “ soft machine ” est bel et bien de la musique.
Cet étrange quatuor qui joue devant un mur de baffles, ne se contente de produire généreusement des décibels : cette musique, très élaborée, va parfois très loin dans la recherche, dépasse les sentiers battus et adresse, par-delà un système sans cesse remis en cause, un message percutant, parfois étrange, jamais indifférent.
Un orgue – doublé de quelques octaves de piano – une guitare basse et une batterie auxquels s’est adjoint un quatrième musicien qui utilise plusieurs saxos ou bien une flûte : le quatuor jusque-là n’est pas très original. Pourtant, en allant plus loin, en défrichant des terrains peu courus, “ la soft machine ” crée une matière qu’on a vite fait de croire nouvelle : elle ose une atonalité souvent agressive, jamais gratuite.
On pense parfois à quelque sorcellerie : les recherches sonores qu’a tenté la soft machine, débouchant parfois sur des résultats impressionnants, envoûtant. Usant à la fois des possibilités des graves et des affolements des aigus – rendus par une clarinette folle – les musiciens mettent leurs auditeurs en condition tout en conservant un flegme très britannique.
Seul le batteur qui réalise un numéro sportif stupéfiant et exténuant est obligé à de spectaculaires démonstrations.
Le public qui débordait de partout dans le centre culturel Maxime-Gorki, a paru ébahi par cette musique. Cela n’a pas “ chauffé ” dur mais la soft machine ne semble pas vouloir ce résultat. Cette musique – qui s’apparente plus à la musique de chambre qu’au jazz – vise plus loin. Sur une apparence de facilité, ils explorent assez loin les possibilités de leur formation. Rien dans leurs compositions ne semble laissé au hasard.
On subit la soft machine, ses trouvailles crispantes, ses échappements fous, son travail en profondeur. La “ machine ” nous balance d’un extrême à l’autre, recréant presque un langage, sinon nouveau, du moins rénové. Si ses recherches peuvent se comparer dans certains cas à celle du free jazz, elles rejoignent à certains moments celles des compositeurs contemporains.
C’est pourquoi il convient de considérer ce travail avec un certain respect : d’autant que le résultat sort nettement de l’ordinaire.
Roger Balavoine.
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