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Les "Soft
Machine" - Le Peuple - 17 janvier 1971
LES "SOFT MACHINE"
Ils sont les maîtres incontestés de la pop music anglaise. Depuis 1959, grâce à une solide formation classique, grâce aussi à l'influence de la musique moderne de jazz, ils ont résolument choisi la voie de la difficulté en mariant étroitement un courant anticipatif et une nouvelle orientation musicale. Les Soft Machine étaient nés et depuis n'ont cessé d'influencer tout ce qu'il est convenu d'appeler le genre pop. Leur audience s'élargit au point qu'elle est aujourd'hui indissolublement liée à une évolution irréversible. Les « Soft Machine » sont entraînés dans un courant prospectif qui ira croissant et développera ses idées avant-gardistes, bénéficiant de la sympathie de toute une jeunesse.
Les Soft Machine ne réclament pas les encouragements bruyants de son public. Ils jouent sans s'arrêter selon une inspiration généreuse qui n'est pas nécessairement incompréhensible, formée et inutile. Tous ceux qui aiment - et ils sont nombreux — cette musique auront goûté cette phrase inscrite dans le programme: « Ecoutez les rêves, passez de l'autre côté du miroir. De là votre regard étonné va découvrir l'impensable beauté : le bruit et la musique sont une seule et même chose. »
Certes, pour s'assimiler une musique aussi désintéressée, aussi délibérément expérimentale, il faut avoir éprouvé les joies d'une transformation lente amorcée par Milhaud ou Bartok, Cecil Taylor ou Coleman. Il faut surtout ne pas y pénétrer de plain pied avec un esprit imprégné des balbutiements et cette musique étonnamment riche. Il faut, au contraire repartir à la découverte d'une musique à laquelle vous n'avez jamais songé. Cela vaut la peine de faire cet effort d'imagination, de se payer le luxe d'un nouvel apprentissage musical. Ce n'est qu'à cette condition que la participation à la musique moderne devient un plaisir et une nécessité.
Les Soft Machine sont un bel outil de cette nouvelle connaissance...
Ph. G.
>> L'article sur le site des Archives du Théâtre 104
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