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Volume Two
1969
Soft Machine
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ALOHA - N° 12 -van 3 tot 17 oktober 1969
The Soft Machine - volume 2
Command/Probe CPLP 4505
P. S.
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De soft Machine is altijd een van Hitweeks lievelingen geweest en zolang de groep nog zulke platen blijft maken en zulke indrukwekkende concerten blijft geven als pas nog in het Concertgebouw zal dat zeker zo blijven. De tweede elpee van de groep is weer een van de belangrijkste gebeurtenissen in het platenseizoen en ik geloof niet dat zoiets nog heel erg toegelicht hoeft te worden.
Iedereen die de groep een beetje kent houdt heel erg van de muziek die de jongens maken, maar misschien is het toch wel een beetje moeilijk om uit te leggen waarom deze groep zulke uitstekende muziek maakt en groepen als The Nice alleen maar flauwekul. Ieder z'n smaak natuurlijk, maar toch lijkt de muziek van de Soft Machine veel belangrijker dan het meeste dat er op het ogenblik uit Engeland komt. Mike Ratledge zelf wist in het interview dat een tijdje geleden in deze krant stond te vertellen dat er op het ogenblik groepen zijn met goeie ideeën en groepen met een behoorlijke muzikale vaardigheid, maar dat er maar heel weinig groepen zijn die dit op een goeie manier weten te kombineren. De Soft Machine is zo'n groep en het opvallende is misschien wel dat er door die groep muziek gemaakt wordt die zowel aanslaat bij rokers en trippers, als bij gewone popliefhebbers, jazzliefhebbers en ook soms wel minnaars van moderne klassieke muziek. Er wordt wel gezegd dat de Soft Machine van tamelijk veel jazz-achtige verworvenheden gebruik maakt en dat is waar in die zin dat ze wat struktuur, melodie, harmonie en ritme betreft dingen doen die in de pop meestal niet beroerd worden, maar daar staat tegenover dat ze toch steeds in de eerste plaats pop zijn blijven maken. Ze streven naar een Sound, maken gedrieën één hecht stuk geluld zonder dat ze zich te buiten gaan aan allerlei zeer Individuele expressies. Ze blijven muziek maken voor jou en niet voor zichzelf. En ze maken die muziek niet alleen zeer knap en subtiel, maar ook op een hele gewone manier vanuit de muziek zonder daar allerlei buitenmuzikale nonsens voor nodig te hebben. Goed, zo zouden we nog even door kunnen gaan, maar laten we het nog even over deze plaat hebben.
Kevin Ayers is vervangen door Hugh Hopper en dat maakt ietsje uit omdat Hopper aktiever bezig is in de geluidsklomp waarin verder de klavierinstrumenten van Ratledge en de drums van Robert Wyatt zo overtuigend bezig zijn. Wyatt zingt weer alles op deze plaat met zijn prachtige fragiele stemgeluid en ook op deze plaat staan weer twee lange nummers die uiteenvallen in meest kleine speelse, maar ook grotere stukken. Het is zo ongeveer de muziek van het laatste concert van de groep en het enige nadeel vergeleken met het vroegere werk lijkt het ontbreken van kleine grapjes. Verder is het eigenlijk nog beter.
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ROCK'N'FOLK - N° 35 - décembre
1969
Volume Two - Soft Machine
Philippe Paringaux
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Le second disque des Soft Machine est aussi étonnant
que le premier, ahurissant collage d'idées toutes plus originales
les unes que les autres, problème insoluble pour tous les
amoureux des classifications tant l'art du groupe défie l'analyse.
Rien n'est plus excitant que d'écouter ces trois formidables
instrumentistes / compositeurs créer mille climats différents
sans jamais se perdre, allier avec une aisance (qui ne peut être
que le fruit de l'expérience ajoutée au talent) la
rigueur des thèmes à la spontanéité
jaillissante de leurs développements. Je ne crois pas que
la musique des Soft Machine soit, comme on l'a prétendu,
une musique intellectuelle. Elle est au contraire très accessible,
pour peu que l'on veuille se donner la peine d'écouter, en
ayant pris soin auparavant de se laver ses oreilles de tout ce qu'elles
peuvent contenir de "culture" et d'idées reçues
(c'est la même chose). Ce "Volume Two" est, d'un
bout à l'autre, une oeuvre extrèmement élaborée
sans être un instant froide. C'est peut-être la plus
grande qualité des Soft Machine, que de ne jamais sombrer
dans l'exercice de style, de ne jamais faire de la recherche sonore
ou harmonique une fin en soi. On peut fort bien écouter ce
disque sans se prendre la tête entre les mains, sans chercher
à tout prix un message à déchiffrer entre les
extraordinaires échafaudages qu'édifie le groupe.
La musique des Soft Machine peut être acceptée telle
qu'elle est, je veux dire instantanément, et si Ratledge,
Wyatt et Hopper s'amusent à nous compliquer la vie en donnant
à leurs thèmes les titres les plus invraisemblables,
il ne faut pas oublier qu'ils sont pataphysiciens, et il n'est pas
absolument nécessaire de donner tête baissée
dans leurs panneaux. Le raisonnement est peut-être simpliste,
mais il me semble que vouloir analyser fragmentairement cette musique
n'aboutirait qu'à la désarticuler et à lui
ôter toute vie. La formidable et très cohérente
masse sonore (qu'ils jouent bas ou fort, vite ou lentement.... Le
SON est omniprésent) qu'est la musique des Soft Machine doit
avant tout être subie. Par les sens ET par l'esprit, d'accord,
en cela leur musique peut être qualifiée d'intellectuelle,
mais pas seulement par les uns ou par l'autre. Et, à tout
prendre, surtout pas par le second...
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ROCK'N'FOLK - HORS-SERIE N° 34 - 1954-2016 - LA GRANDE DISCOTHEQUE - décembre 2016
The Soft Machine - Volume Two - Probe
Bertrand Burgalat
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Il y eut quelques mois où même les minables faisaient de bons disques. La situation de Hugh Hopper, Mike Ratledge et Robert Wyatt était moins confortable : ces types étaient trop doués. "Sacre du Printemps" psychédélique, leur deuxième album propose déjà, avant même que le genre n'explose, un autre voyage. Soft Machine, formation Swinging London par excellence, n'en convoque jamais les poncifs, sitar et cordes Bombay pour scènes de jerk Persuaders. Basse et orgue plongés dans la fuzz, un peu de piano, l'usage modéré (pour l'époque) de l'écho et une voix d'Adamo sous pastilles explorent, effleurent, cherchent et trouvent sans démontrer. La production, subordonnée aux idées qu'elle suscite, néglige la forme, déconcertante. On retrouvera chez Can ces manières frustrantes, laissant entrevoir les choses en disposant à la hâte les pressentiments. Sortie en beauté du cahier des charges rock, la musique de la joie ne s'arrête jamais, intense et inspirée. Ce qu'il y a de plus beau sur Terre se trouve dans la vingtaine de mesures de "Pataphysical Introduction Part 2". Si Soft Machine se pique de jazz, c'est un jazz idéalisé, libertaire, ignorant les montées de gammes et procédés modaux qui vont rendre l'improvisation tellement… prévisible. Ce n'est pas le seul domaine que nos amis abordent en touristes : il y a chez certains groupes anglais une attraction bien compréhensible pour le Bassin méditerranéen, paysages de version latine, cyprès, jeunes femmes drapées, éphèbes à cheveux bouclés et sandales Palais des Papes. L'imagerie pompéienne culminera avec le "666" d'Aphrodite's Child et le Pink Floyd de "Ummagumma" "More" et "Meddle". Elle prolonge les escapades tropéziennes des Soft Machine été 1967, leur prestation naturiste au Festival de la Libre Expression et ce light show total dont ils sont les inventeurs. Tout est là, en filigrane et spontanéité, dans ces morceaux qui persistent à surprendre après plusieurs centaines d'écoutes. Cette tragédie psychédélique annonce toutes les dérives et en sublime quelques autres, ébauche d'une musique solaire qui porte en germe sa propre mort.
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