Nothing Can Stop Us
1982

Robert Wyatt

   
 


 
SOUNDS - N. 159 / Mai ’82

Robert Wyatt - Nothing Can Stop Us - Rough Trade Rough35

Diedrich Diederichsen
 





Daß Robert Wyatt nicht schlechter singt ist als irgendwelche Carla Bley-Band Vokalisten, wie noch vor kurzem in diesem Blatt zu lesen, glaubte ich eigentlich nicht noch mal sagen zu müssen. Er hat die herzergreifendste, erschütterndste Stimme seit John Lennon und vermittelt, dessen Naivität („Free The People Now!") und Glaubhaftigkeit ähnlich, Elementares, Selbstverständliches, so, daß es wieder stimmt. Um dummes linkes Bewußtsein kritisieren zu dürfen, muß man eben wenigstens den Impuls mal erlebt haben, der zu diesem Denken fuhrt, auch wenn das zoon politikon heute ein blödes reaktionäres Konzept ist, das nur dazu dient, unverständlich gewordene Jugendliche mit Hilfe von Udo Lindenberg, den Jusos und dem ZDF in die SPD oder die Grünen zurückzuführen, in Bürgerinitiativen wirkungslos altern zu lassen und damit in die staatliche Vernunft zu reintegrieren.
Robert Wyatt geht zurück zu diesem politischen Impuls. Mit seinen Adaptionen exotischer Kampflieder begeht er nicht den Fehler einer heruntergekommenen Linken, die, über das Versagen ihrer veralteten Begrifflichkeit angesichts westlicher Industriegesellschaften, ihre Identität aus den Kämpfen der dritten Welt bezieht, wo die Widersprüche noch die alten zu sein scheinen. Obwohl Mitglied der kommunistischen Partei, verfällt er nicht dem Zentralismus, der die Kulturen und die Kriege einer Teleologie der Befreiung unterstellt. Robert Wyatts ergreifende Versionen von so unterschiedlichen Kampfliedern wie „Arauco" (Chile, Violetta Parra), „Caimanera" (Kuba, Jose Marti), „Strange Fruit" (Südstaaten, Lynchjustiz, Billie Holiday), „Stalin Wasn't Stalling" (Rote Armee, zweiter Weltkrieg, Roosevelt, Golden Gate Quartet) und „At Last I'm Free" (Gegenwart, schwarze Identität und Eleganz, Chic) affirmieren und feiern die Unterschiedlichkeit.
Wyatt hat nur einen eigenen Song beigesteuert („Born Again Cretin, bereits auf der NME/Rough-Trade-Cassette erhältlich) und nur einen Song für die LP neu aufgenommen („Red Flag", die sozialistische Variante von „Oh Tannenbaum"). Der Rest ist Material von den vier Singles, die hier komplett enthalten sind, auch die beiden Beiträge, an denen Wyatt nicht mitgearbeitet hat: das indische „Trade Union" von der Gruppe Dishari und das Gedicht „Stalingrad" des von Wyatt geförderten Poeten Peter Blackman.
Wyatt verachtet die Autorenfunktion zutiefst. Nichts nervt ihn mehr als Autor eines Werkes verstanden zu werden. Mit seinem Namen dokumentiert er die Vielfalt des ihn Umgebenden, stellt sich in den Dienst des gefundenen Material. Und das ist extrem Anti-Hippie.
NOTHING CAN STOP US ist natürlich eigenartig und schön. Drei Songs kann man für Jahrzehnt-Auszeichnungen im Auge behalten: „Strange Fruit", „At Last I'm Free" und „Caimanera" mit Wyatts tollem Spanisch. Nieder mit The Clash!






 
JAZZ HOT - Janvier 1983 - N° 397

Robert Wyatt : Nothing Can Stop Us

Pierre de Chocqueuse
 

Depuis la sortie de "Ruth Is Stranger Than Richard" en 1975, Robert WYATT n'avait plus enregistré d'album sous son propre nom. Un silence musical interrompu par sa participation aux séances de quelques disques, prêtant sa voix à Caria BLEY et Mike MANTLER ("The Hapless Child", "Silence"), à Nick MASON ("Fictitious Sports"), apparaissant ça et là dans les musiques de quelques amis. L'âme du défunt Soft Machine amorce ainsi son retour.
C'est une petite compagnie de disques Rough Trade qui lui permet d'accéder à son désir d'enregistrer une série de 45 tours réunis ici sous le titre de "Nothing Can Stop Us". Ne signant qu'une seule composition, il s'exprime à travers les chansons des autres reprenant les musiques de nombreux pays qui lui tiennent à coeur. Des chansons simples, variées qui traduisent son goût très éclectique, son intérêt pour le folklore, pour les musiques traditionnelles. "Nothing Can Stop Us" est également un manifeste politique, un engagement personnel face à l'histoire. "Born Again Crétin" est une chanson sur Nelson Mandela, un leader noir sud-africain emprisonné depuis plusieurs années. "Arauco" de Violetta PARRA est une exhortation au soulèvement des chefs indiens contre les colonisateurs. L'hymne national cubain, l'original du fameux "Guantanamera" côtoie le fameux "Strange Fruit" composé par Billie HOLIDAY. Le chanteur s'efface aussi volontiers n'intervenant pas dans deux des titres de cet album pour nous laisser entendre le groupe DISHARI, des musiciens originaires du Bengladesh s'exprimant dans la pure tradition de leur folklore sur l'assouvissement de leur communauté à Londres et le poète Peter BLACKMAN récitant une de ses oeuvres.
Robert WYATT avoue être un musicien primitif, utilisant à la base les deux instruments les plus simples, la bouche et les mains. Il joue ici à peu près tout ne s'entourant que de quelques comparses parmi lesquels Bill Mac CORMICK et Harry BECKETT.
Autre caractéristique de sa musique, ce son d'orgue très particulier que l'on retrouve déjà dans ses précédents enregistrements. Voix, orgue, piano, des percussions abondamment utilisées remplacent souvent la traditionnelle batterie. Une ligne de basse souvent très simple suffit pour créer un climat irréel. Une musique flottante, légère et intemporelle.
"Nothing Can Stop Us" est un album marginal de la pochette à son contenu. Ici rien n'est parfait, tout laisse plutôt à désirer, un sympathique laisser-aller se dégageant de ces quelques chansons. La musique redevient humaine dans son imperfection, ne donne pas une impression d'achevé, restant plutôt dans un état de gestation prolongée. On retrouve ainsi le stade de la maquette avec ce que cela comporte de spontané, de vivant. Mais surtout Robert WYATT donne beaucoup de lui-même avec cette générosité qui est la marque de tout ce qu'il entreprend. Cet album, disponible depuis quelques mois en import dans quelques magasins spécialisés, sort en janvier en pressage français, distribué par CELLULOÏD. Ne le laissez pas passer.




 
       

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