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Mongezi
FEZA, le premier trompettiste
sud-africain de free jazz |
Il y a 30 ans, Mongezi Feza mourait à l'âge
de 30 ans.
Il
était né en 1945 à Queenstown (Afrique
du Sud). Il est mort le 14 décembre 1975 à
Londres dans des conditions particulièrement dramatiques
: parti à l'hôpital se faire soigner pour
dépression, il serait mort d'une pneumonie provoquée
par l'absence de chauffage. Ses amis, les autres Blue
Notes, lui rendirent deux semaines plus tard, un magnifique
hommage pendant plus de sept heures. Des extraits de cette
session constituent le double album Blue Notes for Mongezi.
Signalons que le jeune magazine musical Atem (c'était
le n°2) connut alors son heure de gloire: paru à
la mi-janvier 1976, il fut parmi les premiers à
colporter la nouvelle de cette disparition en Europe continentale.
Et c'est avec cette mort que la malédiction s'abattit
sur les Blue Notes.
Mais revenons quelques années en arrière,
en 1962, pour trouver la première trace d'un enregistrement
de 'Mongs' dans les meilleurs moments du festival de jazz
de Moroka-Jabavu. Il joue sur un seul titre du groupe
appelé Eric Nomvete's Big Five. Le morceau, intitulé
Pondo Blues, avait été écrit par
le leader de l' ensemble: En septembre 1963, Mongezi ne
fait toujours pas partie des Blue Notes: il appartient
encore au sextet Swinging City, dirigé par Ronnie
Beer. Il joue bien dans The Castle Lager Big Band conduit
par Chris McGregor, mais ce n'est qu'après cet
enregistrement (The African Sound) qu'il rejoint les Blue
Notes, le 30 octobre très précisément,
et commence sa carrière avec eux.
A la fin du siècle dernier, il existait seize enregistrements
sur l'intégralité desquels 'Mongs' jouait.
Douze d'entre eux sont concentrés sur les cinq
dernières années de sa vie.
> McGregor & The Castle Lager Big Band,
The African Sound
Gallo (1963)
> The Blue Notes, Live in South Afrika
Ogun (1964)
> Chris McGregor Groups, Very Urgent
Philipps (1968)
> Friendship Next of Kin, Facets of the Universe
Goodie (1969)
> Brotherhood of Breath, Brotherhood of Breath
Neon (1971)
> Assagai, Assagai
Vertigo (1971) > Assagai, Zimbabwe
Philips (1971)
> Brotherhood of Breath, Brotherhood
RCA (1972)
> Matata, Independence
President Records (1972)
> Dyani / Temiz / Feza, Rejoice
Cadillac (1972)
> Dyani / Temiz / Feza, Music for Xaba
Sonet (1972)
> Dyani / Temiz / Feza, Music for Xaba Vol.2
Sonet (1972)
> Brotherhood of Breath, Live at Willisau
Ogun (1973)
> Dudu Pukwana, In the Townships
Virgin (1973)
> Dudu Pukwana, Flute Music
Virgin (1974)
> Dudu Pukwana, Diamond Express
Arista (1975)
Et, je ne compte pas ici le 45 tours qu'il a enregistré
avec le Globe Unity, ni les deux autres 45t faits avec
le chanteur nigérian Tunji Oyelama et avec les
Blue Notes, ni même les participations ponctuelles,
par exemple aux côtés de Robert Wyatt ou
avec Henry Cow.
Mais, depuis 2001, ce ne sont pas moins de cinq CD's (dont
deux doubles) qui permettent de mieux cerner son jeu de
trompette - trompette de poche le plus souvent.
> Brotherhood of Breath, Travelling Somewhere
Cuneiform (1972, sorti en 2001)
> The Blue Notes, Township Bop Propper
(1964, sorti en 2002)
NB: Rappelons qu'il s'agit ici d'un
bootleg qui présente la toute première séance
des
Blue Notes qui, quelques mois plus tard,
allaient se produire en Europe, créant la sensation
au festival d'Antibes - Juan les Pins
de 1964.
> Elton Dean's Ninesense, Live at the BBC
HUX (1975, sorti en 2003)
> Brotherhood of Breath, Bremen to Bridgewater
Cuneiform (1971, sorti en 2004)
> Mongezi Feza, Free Jam
Ayler Records (1972, sorti en 2004)
Et, mes conversations avec Keith Knox, Hazel Miller et
Lars Rasmussen me laissent penser que nous n'en resterons
pas là !
Ajoutons que les compositions de la plume de ce formidable
trompettiste et flûtiste (qu'il interpréta
lui-même) se comptent sur les doigts d'une seule
main : Sondela, Sonia, Flute Music, Mad High et You cheated
me.
Je n'ai pas été capable de mettre la main
sur une version jouée par son créateur du
fameux You ain't gonna know me 'cos you think you know
me. En revanche, nombre de musiciens ont repris ce thème
(comme Louis Moholo-Moholo, le Dedication Orchestra, Zim
Ngqawana et Ezra Ngcukana). Et d'autres lui ont rendu
hommage, comme Abdullah Ibrahim, Evan Parker, Hotep Galeta
et les Blue Notes donc.
En dehors des compositions à trois de Music for
Xaba ('Mongs' fut particulièrement à l'aise
dans ce groupe) et des compositions à six (sur
l'album où il était l'invité, avec
Temiz, du quartet de Bernt Rosengren lors d'une séance
d'improvisation en 1972) qui lui sont formellement attribuées,
ce fut tout.
La diversité des styles pratiqués par 'Mongs'
est impressionnante: tout d'abord, kwela (notamment dans
le LP enregistré avec G. Mrwebi) ou bien jazz ellingtonien
(le LP enregistré par McGregor & The Castle
Lager Big Band) ; il passe, ponctuellement, du funk (l'enregistrement
avec Matata, produit pour la petite histoire par Joe Mogotsi,
un des quatre chanteurs des Manhattan Brothers, LE groupe
vocal masculin d'Afrique du Sud) au free jazz, surtout.
Citons à cet égard l'excellent vinyle du
groupe de McGregor en 1968, le CD sorti l'an dernier par
Ayler Records et les différents enregistrements
du Brotherhood of Breath sur le label Cuneiform. Sans
oublier les participations au jazz progressif anglais
(par exemple, l'album intemporel Rock Bottom).
Je ne suis pas un spécialiste de la trompette de
jazz, mais Feza fut souvent comparé à Don
Cherry : j'ai surtout le sentiment d'une réelle
originalité qui se manifeste notamment par ses
très courtes phrases délivrées en
chapelet. C'est en raison de celles-ci que quelques critiques
de jazz citèrent Dizzy Gillespie parmi ses influences.
Je laisse au créateur de Rock Bottom (peut-être
le plus beau solo de trompette - enregistré en
rerecording - de 'Mongs' , sur ce qui restera comme le
disque à emmener sur une île. . . ) le mot
de la fin :
Thank you Mongezi Feza. (. . .) I'm still living
off the heat.
Robert Wyatt, notes de pochette d'Ixesha par le Dedication
Orchestra, octobre 1994.
Pour cet article, je me suis aidé de la documentation
suivante :
- Lars Rasmussen, Mbizo, a book about Johnny Dyani, The
Booktrader, Copenhague, 2003
- Lars Rasmussen, Jazz People of Cape Town, The Booktrader,
Copenhague, 2003
- Lars Rasmussen, Cape Town Jazz, 1959-1963, The Booktrader,
Copenhague, 2001
- Improjazz n°60, novembre & décembre 1999
L'édition de cette livraison
sous la houlette d'Hazel Miller livre les chroniques de
la totalité
(d'alors) des disques du label Ogun.
Deux photographies par Horace (page 25) et Thierry
Trombert (page 31).
- Maxine McGregor, Chris McGregor and the Brotherhood
of Breath, Bamberger, Flint, 1995
- The Wire n°12, février 1985.
Ce magazine anglais présente
un dossier qui s'intitule Afro jazz: Evolution & Revolution
(pages 24 à 43). Ce dossier est
compilé par musicien. Mongezi Feza est présenté
page 32.
Cinq photographies par Jak Kilby.
et me suis régalé de revoir combien ce
musicien réservé devenait un lion en furie,
sa bouche déformée par une seule poche bien
ronde; les livres présentés ci-dessous contiennent
des photographies de Mongezi Feza (seul le photographe
est cité) :
- Guy Le Querrec, Jazz, Light and Day, Federico Motta,
Italie,2001 (page 85)
- Jurgen Schadeberg, The Black and White Fifties, Protea
Book House, Molenpark,
Afrique du Sud, 2001 (page 24)
- Basil Breakey, Beyond the Blues, Township Jazz in the
'60s and '70s, David Philip,
Claremont, Afrique du Sud, 1997 (pages
34 et 35)
- Jak Kilby (lan Carr), Music Outside, Contemporary Jazz
in Britain, Angleterre,
1973 (entre les pages 116 et 117)
- Valerie Wilmer, The Jazz Scene, Hamlyn, Angleterre,
1972 (pages 100 et 101)
Olivier LEDURE
Improjazz n° 120 (novembre & décembre 2005)
IMPROJAZZ c/o Ph. Renaud
14 allée des myosotis, 41000 Blois
Web : https://www.facebook.com/ImproJazz/?locale=fr_FR
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Dudu Pukwana and Spear with Mongezi Feza - "Sonia" (1973) (from In the Townships)
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Blue Notes For Mongezi (OGUN OGCD 025/026)
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