Shleep
1997

Robert Wyatt

   
 


 
AUDITORIUM - AUTUNNO 1997

Robert Wyatt / Shleep

Rykodisc 1997

S.B.

 



La spina dorsale dei Soft Machine, la voce più impalpabile della musica contemporanea, torna a vivere dopo il blackout che seguì Dondestan, l'album del 1991. Le precarie condizioni di salute e una preoccupante situazione finanziaria sembravano avere allontanato per sempre Robert Wyatt dalle scene. Shleep, dunque, giunge sui mercati discografici come un fulmine a ciel sereno: il compositore di Bristol alza nuovamente la testa e con l'aiuto di alcuni amici musicisti realizza un CD destinato a durare negli anni. Non a caso il brano d'apertura Heaps Of Sheeps, concepito con Brian Eno, ricrea le magie di Before And After Science; non a caso Alien, che vede protagonista la chitarra elettrica dell'ex Roxy Music Phil Manzanera, fa riemergere quell'energia cubana tanto cara a Wyatt; e ancora non a caso la struggente melodia di Free Will And Testament e la riproposta di The Whole Point Of No Return degli Style Council vedono all'opera l'estro di Paul Weller. Ogni ospite di Shleep (fra i quali, inoltre, Evan Parker e Annie Whitehead) si è messo umilmente al suo servizio. Ma nomi di prestigio a parte, ognuno di questi undici brani ci fa ritrovare come per incanto la musica cesellata di Wyatt: sincopata e minimale, jazzata e improvvisativa, 'pop' nel senso più nobile e 'rivoluzionario' del termine. È bello assimilare lentamente la progressione in forma libera di The Duchess, le dolcezze in stile Penguin Cafe Orchestra di Maryan, le umorali accelerazioni di Blues In Bob Minor e i fiati jazz di September The Ninth. Tutto ha una sua ferrea logica che parte dal suono elettronico della "macchina soffice", vola sulle ali di una voce dolcissima capace ancora una volta di commuovere e s'immerge con naturalezza nel suono di pianoforte, fiati, percussioni e chitarre. Dopo Rock Bottom, il nuovo capolavoro del 'canterburyano' Robert Wyatt è Shleep.





 
AV CLUB - 3/29/02

Robert Wyatt / Shleep

Joshua Klein
 

For fans of the former Soft Machine drummer/singer, each new Robert Wyatt disc is cause for celebration. Others may have only heard of the paraplegic auteur via his well-regarded interpretations of songs as varied as Neil Diamond's "I'm A Believer" and Elvis Costello's "Shipbuilding." But for the vast majority of music listeners who have never been introduced to Wyatt's adventurous vision, Shleep is as good a place to start as any. This is Wyatt's first album of original music in seven years, and it's peppered with a great cast of longtime friends (like Phil Manzanera and Brian Eno) and younger admirers (like Paul Weller). The album careens smoothly from bouncing art-pop ("Heaps Of Sheeps," the best quirky pop song Eno has laid his hands on in years) to excursions into abstract, jazzy territory (best illustrated by the four-song suite co-written by Wyatt and wife Alfreda Benge). Which is to say that Shleep is basically a continuation of what Wyatt has been doing for the last 30-odd years, tempered as usual by his distinctive, delicate voice, which has gracefully aged into a thing of beauty.





 
IMPRO JAZZ - n° 39 - Octobre 1997

Robert Wyatt / Shleep - Hannibal HNCD 1418

Heaps Of Sheeps / A Sunday In Madrid - VHCD 1418 (CD 2 titres)

Philippe Renaud

 

Que le temps passe vite avec Robert... Déjà six ans sans album, sans grand signe de vie. Et le temps passe vite aussi avec ce nouvel album de 53 minutes...

Dès "Heaps of Sheeps" (qui fait également l'objet d'un Cd deux titres, avec "A sunday in Madrid") on retrouve le parfum si particulier qui flottait dans "Taking Tiger Mountain (by Strategy)" de l'ami Eno, puis Evan Parker vient rompre le charme d'un son dissonant, alors que Wyatt hache une histoire à la manière des conteurs pour enfants avec une certaine intonation volontairement ironique. Décidément, les contes de fées et les histoires de princesse ne sont plus ce qu'elles étaient (prémonition ?). "Maryan", chanson d'amour, aurait pu être enregistrée à l'époque de "Rock Bottom" avec cette trompette nostalgique et une guitare égrenée à la sauce Daevid Allen. Et quelle beauté dans la voix... "Was a friend" démarre en demi-teinte par un extrait d'un titre d'Henry Cow, puis débouche sur un thème qui paraît avoir déjà été enregistré (musique de Hugh Hopper)... La charleston en perpétuel claquement, un piano avare, une basse ronflante mais très espacée, et un thème typiquement reconnaissable... "Free Will and Testament" résume complètement ce disque : une voix d'une douceur mélodique irrésistible, une guitare à la Pink Floyd (première époque, la meilleure), un piano qui plaque des accords et fait le lien avec la guitare, les guitares faut-il dire, sèche et électrique, et un tempo presque bancal. Un pur joyau.

"September in the Ninth" est le thème musical le plus élaboré, complexe à souhait, faisant participer le trombone d'Annie Whitehead toujours incisive, qui après une longue introduction instrumentale donne la parole (la voix) à un Wyatt mélancolique, qui suit et colle à l'instrument pas à pas. "Alien" sort tout droit de "Ruth is Stranger Than Richard", un remake de "Team Spirit", modernisé et swinguant à souhait. "Out of Season" est à l'image du titre, avec à nouveau Whitehead, chant décalé prolongé par le piano simple mais expressif. "A Sunday in Madrid" va droit dans la tradition wyattienne : un chant qui débite des mots en un exercice périlleux de rapidité, qui récite presque et qui laisse la phrase musicale se poursuivre en s'arrêtant pour reprendre son souffle; une foule d'instruments (percussions, guitare, sax) vient se noyer dans le duo piano / voix pour déboucher sur le titre marathon à couper le souffle, "Blues In Bob Minor" mené à cent à l'heure et ponctué par la guitare de Phil Manzanera. Enfin, "The Whole Point of No Return" permet de respirer, un thème pour conclure sur quelques notes de trompette à la Davis, pour conclure...

"Shleep" est un album aux couleurs chaleureuses, avec un soupçon de réminiscence heureuse, et une volonté de se battre. C'est dans ces instants que Robert Wyatt est le meilleur. "Shleep" est un hymne à l'espoir, à la dérision, à l'humour, à l'amour, à la VIE.





 
LES INROCKUPTIBLES - du 1er au 7 octobre 1997

Robert Wyatt / Shleep

Hannibal /Harmonia Mundi

Thierry Jousse

 

Un ange passe
Six ans d'absence depuis Dondestan. Six ans parsemés de petits signes fugaces tout juste suffisants pour calmer notre impatience. Un 4-titres neurasthénique enregistré à la maison dans le plus extrême dénuement, A Short break. Une brève collaboration avec Ultramarine. Trois chansons d'exception dans le mésestimé Songs de John Greaves. Et puis soudain, comme ça, en ce début d'automne, voici enfin le disque qu'on n'attendait plus, somptueux, hors du temps, parfaitement contemporain, constellé d'éclairs inattendus et tranquille comme la révolution. C'est le retour du prodige Robert Wyatt, le plus indispensable des grands solitaires, un des très rares marxistes à savoir nous tirer des larmes de joie, le seul qui ne nous ait jamais déçus depuis les années pataphysiques de Soft Machine. L'album en question s'intitule Shleep. S'agirait-il, par la grâce d'un étrange mot-valise, de compter les moutons avant de sombrer dans le sommeil ? Plutôt de considérer chacune des onze merveilleuses chansons de ce disque grave et léger comme autant de songes qui peupleront pour longtemps notre mémoire.
A première vue, rien n'a changé : les enfantines ritournelles sont intactes ; la voix d'être-ange de Wyatt est éternellement et célestement venue d'ailleurs ; Alfreda Benge, la compagne de Robert, est toujours aux phrases et aux pinceaux. Pourtant, tout est différent : pour la première fois, depuis la fin des années 70, Robert Wyatt, paraplégique à la suite d'un accident de sinistre mémoire, est sorti de sa tanière pour aller enregistrer dans les studios de Phil Manzanera avec quelques fameux compagnons de route. C'est ainsi qu'on croisera sur Shleep, entre autres complices, aussi bien le conceptuel Brian Eno et le très formaté Paul Weller que le grand improvisateur du free-jazz anglais, le saxophoniste Evan Parker. Ouvrez grand les frontières et place à la polychromie, à la polyrythmie, à la polyphonie. Contrairement à Old rottenhat ou à Dondestan, ses précédents albums, la solitude de Wyatt est ici infiniment peuplée et c'est une pluralité de mondes qui s'offre à nos cerveaux soudainement lavés de toute pollution. En général comme en détail, ce disque est en tous points magnifique. Maryan, splendide et faussement simple ballade ponctuée d'un vibrant solo de violon, côtoie le déchirant Was a friend, évocation haletante et subtile d'une amitié enfuie, ou le dissonant et tordu The Duchess dans lequel le soprano d'Evan Parker se mélange admirablement au violon polonais de Wyatt et aux machines d'Eno. Un trio infernal qui n'hésite pas à récidiver dans A Sunday in Madrid, qui fait lever les échos de la révolution espagnole. Sans oublier ce Blues in Bob Minor, où Wyatt rappe avec la guitare de Paul Weller, ou l'inquiétant Alien au parfum d'éternité. Il y a du jazz, du folklore imaginaire, de la chanson, de la techno, du futurisme, du très ancien, du génie, de l'invention, de la fantaisie... On n'a rien entendu de plus libre et de plus émouvant depuis Rock bottom.





 
STRAIGHT NO CHASER - Winter 1997

Robert Wyatt / Shleep

Hannibal

JN

 

People love and hate Robert Wyatt's voice in equal numbers (well maybe not quite equal).
Wyatt is one of England's most enduring singer-songwriters remaining on the credible fringes of pop/rock/jazz for decades. Whether you love or hate I defy you not to BELIEVE. Wyatt’s lyrics could be sung by few others; the sentences shaped to fall from his sweet but straining vocal chords. And just look at who wants to play with him. Evan Parker, Brian Eno, Paul Weller, Annie Whitehead - all on one album, all working with and with respect for a friend. 'The Duchess' is a discordant but deeply beautiful song with Parker, Eno and Wyatt finding space for some peaceful madness. 'Maryan' is a gorgeous tumbling song of icy waterways and 'Free Will and Testament' has Weller and Wyatt playing harmonies from heaven. You might have guessed I like this LP, in fact I love it - 20 listens in and it still intrigues and involves me.





 
SPEX - Oktober 1997

Robert Wyatt : Shleep

Hannibal/RTD

Diedrich Diederichsen

 

Wenn man für die Robert-Wyatt-Platten nach "Rock Bottom" Metaphern wie "Krankheit", "Extremismus" oder "Verzicht" wählen würde, dann könnte man von dieser sagen, sie sei "gesund", "normal" oder "üppig, reich". Ein Künstler schöpft aus dem Vollen. Hier ist einer, der vielen Konventionen, Routinen und Subroutinen (des Musizierens, Komponierens, Stimme-Verleihens, Autoreffekte-Produzierens) stabile und instabile Gegenentwürfe und schließlich auch so etwas wie einen Gestus des Antimethodischen, eine automatische Autodekonstruktion entgegenzusetzen wußte und nun auf all diesen, in einem gewissen Widerstand entstandenen Schönheitsäckern eigenständige Plantagen gründet. Seine Traurigkeit, die sich in dem oben gemeinten Zeitraum durch Sparsamkeiten, Rückzug auf Cover-Versionen, Liedern von Zerfall und Ende dominierend über andere, konkurrierende Stimmungen legte, ist hier in einer "überschäumenden", nur als "Spielfreude" verständlichen Agilität des Zusammenspielens und arbeitens mit wichtigen Leuten unterschiedlicher Phasen seiner Arbeit verloren gegangen.
Trotzdem bleiben die immer noch "Verlorenheit" und "Einsamkeit" ausstrahlenden Eigenschaften seiner Stimme und seiner Melodien. Aber er hat sie in ein neues Verhältnis gesetzt: wie schon früher zu den Texten und Zeichungen seiner Lebensgefährtin Alfie Benge, zu dem Saxophon des freien und Improvisationsmusikers Evan Parker, zu Brian Enos integrativem Sounddesign fur Songs, das bei einigen Stücken so dominiert wie zuletzt bei dessen Zusammenarbeit mit John Cale, zu Paul Weller - als Mitstreiter, Arrangeur, Begleiter, aber auch als Idol: Wyatt covert "The Whole Point Of No Return" von Style Council als halbinstrumentalen Schlußchoral auf der Trompete - und zu vielen anderen. Phil Manzanera schenkte ihm die hektikfreie Studiozeit, und eine Fortsetzung des 70er-Jahre-lsland/Virgin-Glamour-Progressive-Projekts, wie es u.a. mit diesen Namen verbunden ist, scheint unvermeidbar.
Warum auch nicht? Das Projekt, das hier fortgesetzt wurde und das damals viele gewaltsame Unterbrechungen aushalten mußte - Wyatts Unfall, den Tod Mongezi Fezas, den Zerfall der Szene in einerseits die Oldfield-Floyd-, andererseits die Cutler-Henry-Cow-Welt etc. - ist nach wie vor eine der wenigen Überlebensstrategien fur den Erfahrungsschatz eines bestimmten Songwritings und einer bestimmten Jazz-spielweise, die durch Elektronik hindurchgegangen ist. Die starken individuellen Interessen Wyatts, sein immer noch einmaliges und idosynkratisches Songwriting durchkreuzen dabei zu leicht Synthesen dieses Spiel- und Denkfundus.
Seine terminal-traurige Meditation über Willensfreiheit als philosophisches Problem wie als persönliches, die er mit Kramer und Hugh Hopper schon einmal für deren Duo-Platte aufgenommen hatte - "Free Will and Testament" - gerät z.B. plötzlich zu einer stabil lebensfähigen Ballade, um die man nicht mehr wie in der ersten Fassung wie um einen fußkranken Seiltänzer zittern muß. An anderen Stellen -"Alien" - treibt Wyatt auch die anderen Mitstreiterlnnen in eindeutige, fast kitschige Interpretationen von Songs, die ganz "atmosphärisch" zu werden drohen, bis man merkt, daß schon das melodische Material viel zu komisch ist (wie es das immer war), um dergleichen zuzulassen. Vielleicht bleibt "Dondestan" aus ebenso komischen Gründe zwar vorläufig die mir liebere Platte, aber das braucht Sie nicht zu irritieren.





 
ROLLING STONE - April 16, 1998

Robert Wyatt : Shleep

Greg Kot

 

Even within the esoteric confines of British art rock, Robert Wyatt has always been an outsider, a lighthearted sonic chemist puttering on the fringe of a fringe movement for thirty years. After founding visionary prog-rock band Soft Machine in the 1960s, Wyatt cooked up a series of bleak solo albums distinguished by a quiet, conversational singing voice that suggests a wise (if mildly inebriated) elf. Shleep is not only Wyatt's first full-length release in six years, it is also his most pop-friendly LP in a decade, perhaps because the reclusive singer opened up the recording sessions to a variety of friends and admirers, including fellow maverick Brian Eno, jazz saxophonist Evan Parker and Brit-pop icon Paul Weller. Each guest makes a significant contribution to Shleep, but the album's soothing tone, lilting melodicism and gentle abstraction are pure Wyatt, who sings and plays drums, piano, fiddle, bass and keyboards. The songs subvert pop form September The Ninth kicks off with more than four minutes of swooning sax and trombone interplay - but still unwind amiably, in keeping with the album's personal, reflective tone. Ghosts, insomnia, the "demented forces" that "push me madly 'round a treadmill" - nothing gets our man down. An ingratiating weirdness prevails. "I almost forgot where we buried the hatchet," Wyatt muses with a mixture of absent-mindedness and menace on Was A Friend. On Heaps Of Sheeps, a wistful melody pinwheels out of an Eno synthesizer drone as Wyatt sings merrily about a sleepless night, his tender falsetto rising to greet the dawn as if to say, "Let the dreams begin."




 
       

Critiques/Reviews